la chasse-galerie

Voici une légende qui circule dans le Québec.Je vais utiliser les mots de l'époque et si vous ne comprenez pas dites-moi le et je vous dirai ce que sa veut dire.Les * qu'il y a tout au long du texte vont se retrouver en bas de pasges où je vous donnerais l'information sur les mots.



Pour lors que je vais vous raconter une rôdeuse d'histoire*, dans le fin fil* ; mais s'il y a parmis vous d'autres des lurons qui auraient envie de courir* la chasse-galerie ou le loup-garou, je vous avertis qu'ils font mieux d'aller voir dehors si les chats-huants* font le sabbat*, car je vais commencer mon histoire en faisant un grand signe de croix pour chasser le diable et ses diablotins.J'en ai eu assez de ces maudits-là dans mon jeune* temps.

Pas un homme ne fit signe de sortir ; au contraire tous se rapprochèrent de la cambuse* où le cook finissait son préambule et se préparaiit à raconter une histoire de circonstance.

On était à la veille du jour de l'an 1858, en pleine forêt vierge, dans le chantiers des Ross*, en haut de la Gatineau.La saison avait été dure et la neige atteignait déjà la hauteur du toit de la cabane.

Le bourgeois avait, selon la coutume, ordonné la distribution du contenu d'un petit baril de rhum parmi les hommes du chantier, et le cuisiner avait terminé de bonne heure les préparatifs du fricots de pattes* et des glissantes* pour le repas du lendemain. La mélasse mijotait dans le grand chaudron pour la partie de tire* qui devait terminer la soirée.

Chacun avait bourré sa pipe de bon tabac canadien, et un nuage épais obscurcissait l'intérieur de la cabane, où un feu pétillant de pin résineux jetait, cependant, par intervalles, des lueurs rougâtres qui tremblotaient en éclairant par des effets merveilleux de clair-obscur, les mâles figures de ces rudes travailleurs des grands bois.

Joe le cook était un petit homme assez mal fait, que l'on appelait généralement le bossu, sans qu'il s'en formalisât, et qui faisait chantiers depuis au moins 40 ans. Il en avait vue de toute les couleurs dans son existence bigarrée et il suffisait de lui faire prendre un petit coup de jamaïque pour lui délier la langue et lui faire compter ses exploits.

*Une rôdeuse d'histoire : (superlatif) une excellente, une très bonne histoire.

*Dans le fin fil : avec habileté, très bien fait.

*courir : courir la chasse-galerie, le loup-garous, le fi-follet, le farfadets (lutin) sont des expression calquées sur << courir la prétentaire >> qui signifie << faire sans cesse des escapades >>. Il s'agit donc de vagabonder à travers ciel, champs et chemins sous la forme maléfique du loup-garou, du feu-follet ou d'un lutin ou encore par la magie conclu d'un pacte avec le Diable

*chats-huants : sorte de chouette ou de hibou qui possède 2 touffes de plumes ressemblant à des oreilles de chats.

*sabbat : chahut, tapage,vacarme. Ou encore assembler nocturne de sorcier et de sorcière qui invoquait Satan. Ne pas confondre avec le jour du sabbat. Dans la tradition juive, le samedi est la journée de repos consacrée à Dieu. Ironiquement, le terme a été galvaudé par les chrétiens qui l'ont associé au culte du Malin qui se tient étrangement la même journée à minuit.

*cambuse : foyer rustique établie dans un camp de bûcheron. (québécisme).

*Ross : James Gibbs Ross (1819-1888) D'origine écossais, fonde justement en 1858, avec son frère John, la compagnie Ross & Co., spécialisé dans le commerce naval et le commerce du bois.

*fricot de pattes : râgout de patte de cochon, plat typique de la cuisine canadienne-française.

*glissantes : pâtes coupé en rectangle ou en carré que l'on fait cuire dans un bouillon ou un râgouts.

*partie de tire : on dit aussi << partie de sucre >>. Fête au cours de laquelle on déguste les produit de l'érable du printemps. Quand ce n'Est pas la saison, comme c'est le cas ici, la tire peut-être fabriquer à partir de mélasse ou de sucre.

*jamaïque : ruhm de Jamaïque, îles de Antilles